À l’heure où nous écrivons, le débat et les interrogations battent leur plein quant à la réforme de l’Éducation nationale. Mais c’est sûr que d’ici peu, nous y verrons plus clair, même si, sans doute, certaines appréhensions et zones d’ombre perdureront. Le consensus est aujourd’hui acquis : le système éducatif a besoin d’être revu à cause de ses multiples déficiences : course parentale pour l’admission dans « une bonne école » au primaire, quitte à faire des entorses aux règlements et à pénaliser, dans la foulée, un enfant qui soit du Catchment Area ou plus proche de celui-ci ; pression et compétition qui font de l’éducation une course à la performance, dopée par des leçons particulières ; taux d’échec élevé – 30% – en fin de cycle primaire et incapacité d’un très grand nombre d’entre eux à maîtriser les basic requirements que sont la lecture, l’écriture, la comptabilité ; grande déper-dition dans le cycle, avec peu d’élèves bouclant leur parcours secondaire…
Si la reforme de Leela Devi Dookun parvient à redonner à l’éducation ses lettres de noblesse, sa vocation première, on ne peut que l’applaudir et la soutenir dans ce combat. C’est-à-dire, amener les élèves à retrouver le plaisir d’apprendre dans une ambiance de partage et de solidarité… Les enseignants, celui d’enseigner dans le sens d’éveiller la curiosité, de promouvoir les intelligences plutôt que de boucler un syllabus coûte que coûte et de faire passer des examens… Les parents de toujours privilégier un développement humain intégral et intégré et pas que la réussite académique, la perspective d’un métier qui gonfle rapidement le matériel et la promotion sur l’échelle sociale…
On a beaucoup entendu ces derniers jours sur les changements qui se profilent : introduction du nine-year schooling, abolition du Certificate of Primary Education, tenue d’un examen national à l’âge de 16 ans, pratique du continous assessment, la conversion des star colleges d’aujourd’hui en académies…
Mais, on a aussi peu, voire pas du tout, entendu parler jusqu’ici d’un secteur : le pré-primaire. Secteur vital qui permet à l’enfant de s’ouvrir à la vie et au monde, de découvrir les rudiments de la socialisation, de forger son développement cognitif… Trop souvent, c’est là que les inégalités se créent, pour perdurer longtemps après ; avec, ici, une catégorie ayant une parfaite maîtrise de la culture de l’école et là-bas, d’autres complètement à côté.
Nous avons été maintes fois témoins de ces parcours d’échec que l’on ne devinait, alors, que lors des premiers pas au primaire. Intuition qui prend corps, au fil des années, pour s’avérer réalité, hélas, à 11-12 ans. Cela, tout simplement parce que la base du pré-primaire était quelconque… Aussi pouvons-nous nous demander : le pré-primaire sera-t-il aux premières loges de la réforme ? Qui sera la voix de ces nombreux parents qui, faute d’un budget adéquat et de maternelles de qualité, ne peuvent offrir the best start à leur enfant ? Une question capitale…