Le reportage sur le collège Sainte-Marie – établissement catholique payant sis à Palma – est porteur de leçons. Lancé en 2005, sa première promotion d’Upper VI concourt aux examens menant au Higher School Certificate (HSC) en 2011. Deux années plus tard, il tutoie les grands et inscrit son nom au tableau des lauréats. Le plis pris, le collège Sainte-Marie récidive avec la cuvée 2016.
Un jeune établissement, du succès sur toute la ligne, cela a de quoi interpeller… Carole Raynal, la rectrice, forte de ses quarante ans de carrière au Lorette de Saint-Pierre, explique bien que les ingrédients de ce saut qualitatif sont multiples. Mais attardons-nous sur deux d’entre eux : la taille de la classe – à Sainte-Marie, la classe comporte pas plus d’une vingtaine d’élèves – , ce qui permet une attention particulière pour tout chacun, promeut la parole, favorise l’interaction ; l’entraide entre élèves – les plus faibles se faisant aider par les plus doués, puisque l’établissement pratique le recrutement sur la base des Mixed Abilities.
Qu’on est loin de cette réalité dans le public et privé non-payant. Et ce, tant dans le primaire que dans le secondaire, où les classes se font avec trop souvent 38 à 40 têtes. 40 têtes, 40 personnalités, 40 enfants avec des niveaux différents, certains baignant comme un poisson dans l’eau quant à la culture de l’école : discipline, maîtrise de la lecture et de l’écriture et d’autres, pas du tout…
Quelle tâche herculéenne pour le pauvre enseignant que se laisser solliciter par les uns et autres, et être aux petits soins pour les plus lents, sans ralentir la marche des plus rapides ! Comment favoriser l’éveil, le développement de tous, de manière égale, face à d’aussi grandes classes ? Quelle révolution mentale exigeante que de bouger d’un système où la compétition est quotidienne, vers un où l’entraide et la collaboration en sont le moteur !
Le train de la réforme éducative est en marche. Quid de la réflexion autour d’un pupil-teacher ratio mieux géré dans le cadre d’une philosophie pleinement pupil-centered ? Faut-il toujours que cette offre soit l’apanage du privé payant ? Et non des moindres, au collège Sainte-Marie, les parents sont considérés comme des partenaires ; ils font partie de la famille éducative. Quel message dans un système où fleurissent aujourd’hui des « accès interdits aux parents » ?…