Comme chaque année, le Komite Diosezin Premye Fevriye marque la commémoration de l’Abolition de l’esclavage. Cette année, la traditionnelle messe du 1er février aura lieu à l’église St-Benoît, Tamarin, à 8h30. « Kreol to talan dan to lame » : tel est le thème pour cette année. Jean-Claude Jance, membre du Komite, explique le choix de ce thème et la démarche du Komite.Cette année, le Komite Diosezin Premye Fevriye a opté pour thème « Kreol to talan dan to lame ». Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
C’est à la suite du lancement de notre prochaine convention qui aura lieu en 2017, et qui aura pour thème : « Kreol antreprener. » Nous avons ainsi voulu garder ce même fil conducteur pour mener une réflexion sur les talents des Créoles. Lesquels talents que les Créoles mettent à contribution afin
de construire l’île Maurice de demain. « Kreol to talan dan to lame »… Les mains font aussi référence au fait qu’autrefois, les esclaves avaient les mains enchaînées et qu’avec l’Abolition de l’esclavage, ces mains ont été libérées. Aujourd’hui, ces mêmes mains produisent beaucoup de choses merveilleuses.
Regardez le travail d’un tailleur de pierre. Nous ne pouvons qu’être fascinés par le travail qu’accomplit cette personne. Regardez le sculpteur. Ce sont
des mains qui façonnent patiemment un produit brut pour en faire un chef-d’œuvre. Il y a tellement d’autres exemples…
« Kreol to talan dan to lame » se réfère aussi à certains parcours. Je prends mon exemple personnel. Auparavant, j’étais un employé de l’industrie sucrière. Après la fermeture de l’usine, j’ai pensé me lancer dans l’entrepreneuriat. Je me suis formé en ce sens sans abandonner mon travail à la raffinerie. Le déclic se fera à la suite du décès d’un de mes enfants. Je décide alors d’opter pour un travail où je n’aurais plus à bosser la nuit afin d’être plus présent dans ma famille.
Ce sera un virage à 180 degrés dans ma vie professionnelle. Je lance alors ma propre compagnie. Aujourd’hui j’ai une quarantaine d’hommes qui y travaillent et je suis content du choix que j’ai fait. J’arrive à mieux gérer mon temps, et donc à passer plus de temps avec ma famille et à mieux me consacrer à mon Église. Je tire aussi une satisfaction en étant propriétaire de ma propre entreprise.
Au sein de mon entreprise, c’est pour moi une grande joie de voir que nous partageons nos valeurs, que l’entente règne. Nous donnons aussi une place importante à la foi. La messe de fin d’année est une des occasions où, justement, nous vivons un moment fort ensemble.
Est-ce que par rapport au choix du thème pour ces 181 ans de l’Abolition de l’esclavage, nous pouvons dire que le Komite continue sur sa lancée de valoriser, de revaloriser, la communauté créole ?
En effet. Nous avons d’ailleurs remarqué que c’est important que l’Église, la foi, viennent nous rejoindre dans ce que nous vivons, dans notre quotidien, et qu’elles ne peuvent être insensibles à ce qui fait la vie des gens. Nous en avons bien conscience, au sein du Komite Diosezin Premye Fervriye, et nous en avons fait une de nos priorités. Le thème de notre précédente conférence par exemple était autour de « Kreol dan ledikasyon », et là, nous voulons aborder le thème « Kreol antreprener ». L’idée étant d’amener une réflexion sur les talents dont disposent les Créoles et de se demander comment ces talents peuvent être valorisés. Nous sommes dans un dynamisme visant à « amener le Créole à bon port ». Nous, au sein du Komite Diosezin Premye Fervriye, ne voulons pas seulement nous rencontrer lors d’une célébration eucharistique. Nous voulons cheminer ensemble dans tous les aspects de la vie des gens et ainsi, voir aussi l’aspect économique à la lumière de l’Évangile.
C’est important d’avancer ainsi pour mieux toucher les gens ?
L’Église est là pour apporter un éclairage, une lumière. Nous remarquons aussi que les gens sont plus touchés quand ils reçoivent un message qui est terre-à-terre.
Peut-on dire que depuis quelques années, le Komite Diosezin Premye Fevriye est habité par un nouveau dynamisme ?
En effet. C’est le résultat du dynamisme présent chez les membres qui constituent actuellement l’équipe. Chacun apporte ses compétences et ses connaissances, et cela nous permet d’entreprendre plusieurs choses. L’année dernière par exemple, dans le cadre du Festival Kreol, nous avions présenté des échoppes culinaires à La Gaulette et cette initiative avait remporté un franc succès. Nous avions organisé un symposium, l’occasion pour
chacun de venir partager sur le chemin parcouru. Cela avait notamment fait un déclic dans la tête des personnes âgées qui étaient présentes. Elles disaient n’avoir jamais vécu une chose pareille. Ce symposium a été également une lueur d’espoir pour tout un chacun.
La contribution du Komite est certes modeste, mais forte. Nous sommes témoins de l’impact de nos actions, de nos initiatives sur la vie des gens. Nous sommes aujourd’hui en train de semer. L’Histoire dira combien de fruits nous récolterons. Ce n’est qu’une graine de moutarde, mais demain naîtra un grand arbre.
C’est quoi l’ultime objectif du Komite ?
Nous voulons faire un travail de conscientisation et un travail en profondeur sur la langue et la culture kreol dans l’Église et la société.
Martine Théodore-Lajoie
Messe à Tamarin
Cette célébration eucharistique aura lieu le 1er février, à 8h30 à St-Benoît, et sera présidée par l’évêque de Port-Louis, alors que le Père Alain Romaine sera chargé de l’homélie. Cette messe bénéficie d’une préparation minutieuse, assurée par la communauté de St-Benoît. C’est d’ailleurs dans la manière de fonctionner du Komite Diosezin Premye Fevriye, que d’encourager la communauté qui accueille cette messe annuelle à participer pleinement aux préparatifs. Par ailleurs, une causerie a aussi été organisée à la salle d’œuvre de St-Benoît, dans le cadre de l’Abolition de l’esclavage. Stéphane Karghoo, du Centre Nelson-Mandela a fait un exposé sur la contribution des esclaves à la construction de Maurice. Il a, par exemple, fait référence à la contribution des esclaves à la construction de l’église St-Sacrement Cassis, au collège Royal de Curepipe, etc. Une rencontre qui a aussi donné lieu à un temps de partage.
Paul Jhureea – « Evanox », une entreprise en plein essor !
Evanox, est spécialisée en tous types de travaux en inox. À savoir : mains courantes pour les escaliers, balustrades, portails, entre autres. Paul Jhureea, le chef d’entreprise, nous parle du talent que le Seigneur a placé entre ses mains et qu’il a fait fructifier avec son partenaire Evan Noé Catherine. Petite incursion… Chaque ouvrier mérite son salaire. » Cette phrase du Christ est lourde de sens pour Paul Jhureea, 45 ans, chef d’entreprise. Dès le début de la conversation, cet habitant de Rose-Hill tient à préciser qu’il est avant tout très croyant et que le roc de sa vie et son modèle demeure le Christ. Seules ses paroles l’aident à réaliser tout ce qu’il entreprend dans la vie. « Le Christ marche à mes côtés, il m’accompagne dans tout ce que je fais… Le Christ travaille avec moi et non sans moi. Donc, mes efforts personnels sont essentiels. Ma vie prend un autre sens
avec Lui », dit-il avec une grande sérénité.
D’où l’idée qui lui est venue de lancer Evanox, sa propre entreprise, il y a déjà deux ans. Avec pour partenaire Evan Noé Catherine qui était aussi son ex-collègue. Chacun détient 50% des actions. L’entreprise entreprend généralement des travaux en métal, mais sa spécialisation demeure les travaux en inox. Paul avoue qu’il est autodidacte. Il a tout appris sur le tas. Alors qu’il était tantôt Salesman, tantôt dans la production chez Thon des Mascareignes ou encore Purchasing Officer pour une société, il chérissait toujours le rêve de monter une entreprise qui lui permettrait de gagner sa vie.
Toutefois, c’est une aventure que Paul dit avoir commencé en toute confiance avec le Christ. « Ma foi m’a poussé à aller plus loin, jusqu’à développer les talents que Dieu a placés en moi. J’étais quelqu’un de très ambitieux alors que mes patrons ne me donnaient pas l’occasion d’avancer. Raison pour laquelle j’ai décidé de m’en aller et mon collègue Evan Noé m’a suivi. »
Honnêteté et engagement
Paul Jhureea s’occupe de tout ce qui est documents administratifs, y compris les cotations. Il est aussi sur le terrain pour s’occuper de la partie clientèle et commerciale. C’est avec le plus grand plaisir qu’il dit aller à la rencontre de ses clients, soit pour discuter ensemble du modèle, des prix, ou encore pour prendre les mesures pour les cotations.
En revanche, Evan Noé s’adonne plus à la réalisation des commandes dans l’atelier qui se trouve à Henrietta. Après avoir confirmé les mesures sur place, il coupe, monte et soude les barres en inox pour donner vie aux commandes. Il va jusqu’à faire l’installation sur place. Et là, c’est Paul qui agit comme manœuvre. Sandivi Govinden est le seul ouvrier qui travaille pour Paul et Evan Noé à l’atelier.
Ensemble, ils ont fait le saut. Aujourd’hui, Paul se dit fier devant l’essor et le développement d’Evanox. Grâce à Dieu, l’entreprise marche bien et leur permet de développer leurs talents et leurs capacités au maximum, tout en offrant un bon service à la clientèle. Pour Evan Noé, Evanox représente un emploi de rêve qui lui permet de gagner sa vie sainement. Evan Noé était soudeur dans une société où il a appris la soudure et le fer forgé. Puis, il s’est spécialisé dans les techniques de travail sur le cuivre, l’aluminium et l’inox dans une deuxième société qui offrait ses services dans les hôtels.
L’honnêteté et l’engagement sont des valeurs fortes que les deux cultivent dans leur entreprise. « Evan Noé va dans le même sens que moi… Il suit la tendance au niveau de la production. Il soigne beaucoup la qualité… La preuve, c’est que notre marketing se fait de bouche à oreille. »
Paul croit beaucoup en la Parole de Dieu. Chaque jour, il fait confiance au Christ. Si bien qu’il se dit habité par ses paroles, dont Mathieu 6, 26 : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? »
Droits, dignité, développement
Désormais, dans sa vie de tous les jours, Paul veut être le témoin visible de l’Évangile. Ainsi, il fait attention à cultiver d’autres valeurs dans sa vie quotidienne comme dans sa vie professionnelle. À l’exemple de l’amour pour son prochain et le respect. « C’est important que mes clients sachent et sentent que je les respecte… La relation personnelle que j’ai tissée avec le Christ me pousse à le voir dans les personnes que je rencontre. Cela m’aide à les respecter, les découvrir et les aimer. À savoir que la relation avec le Christ n’est guère une relation fermée… au contraire elle nous ouvre sur la vie. »
Paul insiste qu’il ne fait pas des choses extraordinaires mais « je ne fais que suivre les enseignements du Christ dans ma vie… Je fais tout pour ne pas perdre l’amour de Dieu, en d’autres mots pour être digne de son amour. Amour qui me rend fort et courageux dans tout ce que j’entreprends,
particulièrement dans mon travail. Même s’il y a des choses qui ne tournent pas toujours rond, je ne me décourage jamais… Tous les mois, on a un salaire confortable grâce à Dieu. Et je lui remercie du fond du cœur ».
À la veille de la fête de l’Abolition de l’esclavage, Paul dit haut et fort qu’il est convaincu des trois « D » qui habitent chaque personne, aussi humble soit-elle. À savoir : ses droits, sa dignité et son développement. Les 3 « D » résument le langage du Christ qui veut que la personne soit debout !
Sandra Rousseau
Les formations offertes par la SMEDA
La Small and Medium Enterprises Development Authority (SMEDA) est un corps paraétatique qui soutient et facilite le développement de l’entrepreneuriat et des PME à Maurice. Elle soutient les PME au niveau de l’assistance financière et technique à travers plusieurs
formations. Les formations sont à deux niveaux : Entrepreneurship and Small Business Management Programs and Skill-based Training. Pour la première citée, les programmes visent à augmenter l’efficacité des PME. Les cours sont axés sur la gestion pour améliorer la productivité,
la qualité, la compétitivité et la durabilité, etc. Sans oublier une amélioration au niveau des compétences en communication, marketing, développement des ressources humaines et renforcement des capacités de gestion, entre autres.
Quelques-unes des formations offertes en Skill-based Training: peinture sur soie ; sculpture sur bois/pyrogravure ; céramique ; bijoux et autres travaux de perles ; vannerie ; textile. D’autres ateliers techniques sont aussi organisés sur les aspects de qualité et du développement de produits, conception de produits et la créativité, l’emballage, l’étiquetage, l’importation et les procédures d’exportation, etc.
Joanna Ramasamy : Couture et doigts de fée
Justine, Carine, Colette, Babita, Dolores… sont entre autres les noms inscrits sur la liste des travaux de couture que Joanna Ramasamy doit réaliser
jusqu’à fin janvier. Une liste non exhaustive de clients et une expérience qu’elle a su acquérir au fil des années. Voici son histoire… C’est à l’âge de 13 ans que Joanna Ramasamy, 39 ans aujourd’hui, confectionne son premier vêtement : un short qu’elle avait cousu pour elle. Mais c’est à 15 ans que Joanna apprend réellement les ficelles de la couture avec sa mère, elle-même couturière. Un métier de famille, car sa grand-mère l’était également.
À l’époque, la vie était difficile, et vu qu’il lui fallait faire le long trajet du village de La Gaulette à Rose-Hill, elle a dû arrêter l’école. C’est à ce moment que son père lui offre sa première machine à coudre. Elle tombe alors dans la marmite de la couture. Au début, Joanna aidait sa mère le week-end. Elle admet que c’était difficile, mais au fil des années, elle a su acquérir de l’expérience. « Mon pa ti suiv kour, monn aprann ek mo mama e sa inn permet moi evolie avek letan », partage-t-elle.
Joanna lit aussi des magazines et y apprend beaucoup de choses. Puis, elle se lance dans la confection de sa propre robe de mariée et par la suite, celle de sa sœur. « C’était vraiment un gros travail, mais j’ai pu y arriver », confie notre interlocutrice.Ce métier de couturière, Joanna l’a continué, même après son mariage et la naissance de ses trois enfants. « Monn kontan mo kapav get mo zanfan momem, parski mo ti travay lamem… sa inn permet moi get zot grandi me travay touzour », précise Joanna.
Si à l’époque, elle n’avait qu’une ou deux clientes et cousait dans une petite chambre, au fil du temps, sa liste n’a cessé de croître. Par le bouche-à-oreille, comme elle le dit elle-même, Joanna su se faire connaître. Tout d’abord par les habitants de son village de Coteau-Raffin, ensuite par un hôtel situé non loin. Un de ses clients vient même de Mahébourg.
Au fil temps, grâce à l’argent économisé et à beaucoup de sacrifices, Joanna a fait construire un petit atelier à côté de sa maison. « Parfois, ce n’est pas évident. Je ne touchais que Rs 100/200 par mois. Mais il faut savoir persévérer et gérer son budget », dit-elle. « Nou inn fer zefor lerla pou konstrir latelie, apre monn fer ankor plis zefor pou aste bann nouvo masinn indistriel », partage la couturière.« Si ou pa met lamour ek leker dan travay-la, zame ou pa pou arive », précise Joanna, pour expliquer que souvent, il lui arrive de rester sur sa machine à coudre jusqu’à fort tard. Mais il faut s’y faire pour respecter l’engagement pris envers la clientèle.
Joanna partage qu’elle ne cesse d’apprendre, malgré les nombreuses années d’expérience dans ce domaine. De nos jours, avec les nouvelles technologies, les clientes viennent avec leurs modèles tirés d’internet. C’est grâce à sa logique qu’elle peut y arriver. « Defoi ou bizin kopie lor
enn bann model… sa mo trouv sa bien difisil…me bizin debriye », dit-elle, avant d’ajouter que sa plus grande joie, c’est de recevoir l’appel de ses clientes qui la remercient.
Très engagée dans sa paroisse de La Gaulette et son village de Coteau-Raffin, Joanna Ramasamy encourage les dames à se lancer dans leurs
propres petites entreprises. Ainsi, depuis bientôt 14 ans, avec un groupe de dames de la région, elles ont monté une association féminine. Elles font pas mal d’activités ensemble, ce qui leur permet aussi de vendre les produits qu’elles confectionnent et de suivre des formations et conseils
en entrepreneuriat qu’offre l’Association Femmes de l’Espérance. « Mo ankouraz bann madam devlop zot talan. Fer zefor, bouze. Sa pou ed zot boukou pou fer zot lavenir ek zot fami », dit-elle.
Loin de s’arrêter dans ce qu’elle fait, Joanna Ramasamy veut maintenant se lancer dans le prêt-à-porter. Elle rêve aussi d’ouvrir un magasin un jour, dans lequel elle vendra sa ligne de vêtements.
Nadia Hilaire
De « zanfan site » à plaisancier
Dans l’Ouest de l’île, plus précisément à Tamarin, rencontre avec Gino Marianne, 49 ans. Il aime s’appeler zanfan site, car c’est là où il est né et a grandi. Le village a aussi s’épanouir Gino professionnellement. Ayant quitté le collège en Form II, Gino va travailler aux salines. Son métier consistait alors à porter les paniers de sel, à nettoyer, entreposer les lots de sel. Avec une mère qui travaillait aux salines et un père pêcheur, Gino pratiquera aussi la pêche comme métier, avant de tout quitter pour travailler dans la sécurité.
« Apre mo mariaz, mo ti fatige fer sa metie-la, lerla monn retourn lor lamer », partage-t-il. Ainsi, avec sa pirogue qu’il avait déjà, il décide de se former et d’obtenir un permis pour se lancer dans les activités de plaisance. Balades en mer pour admirer les dauphins, plongée en apnée et sorties sur l’Ile-aux-Bénitiers, voilà ce qui occupe maintenant ce père de deux enfants. Au fil du temps, « avek bouku sakrifis », comme il le dit bien, Gino s’est acheté un Speed Boat et sa petite entreprise emploie désormais quatre personnes. « Kan lete ena boukou plis travay ki liver. Lerla nou bizin kone koumsa pou konpanse… samem ki apel travay pou ou mem… Se avek boukou zefor ki ou resi arive », souligne-t-il. Tout un cheminement fait de hauts et de bas, qu’il dit avoir vécu avec le soutien et l’encouragement de son épouse, mais aussi dans la confiance en Dieu à travers la prière.
Jacques Dorasawmy, tailleur de pierre – Ses mains donnent vie aux pierres
Jacques Dorasawmy, 49 ans, marié et père de deux enfants, nous parle de son grand talent qu’il exerce depuis 33 ans déjà : le métier de tailleur de pierre. C’est au milieu des roches de couleur que nous avons rencontré Jacques Dorasawmy à l’Institut Cardinal Jean-Margéot, à Rose-Hill. Depuis quelque temps déjà, son équipe et lui taillent les pierres de couleur pour en habiller un long mur. Ils enlèvent aussi les pierres d’un ancien bâtiment pour habiller les murs d’un bâtiment nouvellement construit. « Enn vie batiman ki finn kase e so bann ross nou pe anbeli devantir sa nouvo batiman-la. »
Le tailleur de pierre possède un savoir-faire ancestral. Le choix de Jacques Dorasawmy a été conforté dès son plus jeune âge par son père, lui-même tailleur de pierre. « Kan mo ti komans travay, mo ti pe fer manev. » Jacques a gravi les échelons petit à petit. Et depuis dix ans, il est contracteur et emploie neuf personnes. Pour certains travaux, il doit augmenter le nombre d’ouvriers et de manœuvres. Et c’est avec beaucoup de passion que ce benjamin d’une fratrie de neuf enfants nous parle de son métier.
Avant tout un artiste
Le tailleur de pierre est avant tout un artiste, dit-il avec fierté. Cet habitant de Surinam doit faire preuve de beaucoup d’imagination et de créativité. À partir de ses commandes, Jacques donnera forme avec beaucoup de dextérité et d’habileté à ses pierres. D’abord, il mesure le bloc et y effectue des tracés avec beaucoup de minutie avant de le découper selon le modèle du client. C’est en plein air que Jacques exerce son métier, soit chez lui, ou encore sur les chantiers de construction. Le bloc de pierre sera manuellement scié, ciselé et taillé à l’aide de ciseaux, machette, truelle ou encore avec un Grinder électrique, dépendant du travail. Souvent, pour tailler ses pierres, Jacques est courbé sur la pierre, avec son casque de sécurité ou encore son masque et ses lunettes qui le protègent de la poussière au besoin.
Avant de poursuivre le travail, Jacques prendra soin de corriger, nettoyer ou encore polir toutes les souillures et les bordures des pièces, pour faire disparaître les marques laissées par les outils. Par exemple, pour habiller un mur, il assemble des lots de pierre pour élaborer une création, avant de les coller avec du ciment sur le pan de mur. Parfois, il doit se mettre en hauteur sur des échafaudages.
Parmi ses commandes : parements de façade de mur intérieur et extérieur, cheminées, grottes, revêtements de sol en pierre, terrasses, balcons, encadrement de portes et fenêtres, fontaines, jets d’eau, cascade en pierre ou encore des stèles, roche masala, mortiers, entre autres.
Une vie saine
Il faut savoir que Jacques achète ses blocs de pierre par pièce ou encore par lots. Ils sont de diverses dimensions et proviennent de plusieurs endroits : champs ou terrains abandonnés lors du défrichement, Baie-du-Tombeau pour les pierres bleues ou Brisée-Verdière pour les pierres d’autres couleurs. Les déplacements sont fréquents dans ce métier. Jacques dira qu’il sillonne l’île chaque semaine avec son équipe pour installer ses ouvrages. « Parfoi mo bizin loue enn van ek so sofer pou kapav rann lapel ar travay-la. » Ses déplacements se font soit dans des hôtels, souvent des cinq-étoiles, ou encore chez les individuels. Comme le métier se fait en plein air, la difficulté demeure la pluie. Outre la satisfaction de ses clients, la plus grande joie de son métier est qu’il lui permet de rendre sa famille heureuse. De lui offrir une vie saine, une maison construite et embellie grâce à ses talents et surtout aider ses deux enfants à progresser
académiquement.
Sandra Rousseau
Caritas vous forme, mesdames
Voici quelques formations prodiguées par Caritas à l’intention des femmes qui sont sans-emploi.
- École de technicienne de maison à Rivière-Noire pour aider les femmes à se former au métier de bonne. Ces dernières bénéficient souvent d’ouvertures dans le milieu de l’hôtellerie. Infos : Caritas Rivière-Noire.
- Formation à la pâtisserie à Canne en Fleurs, Centre de formation de Caritas à Pointe-aux-Piments. Plus d’infos au Service d’Écoute et de Développement de l’endroit.
- Formation à l’agriculture et à l’élevage prodiguée par la Ferme O’Connor de Caritas à Curepipe et Caritas Solitude – Lacaze Lespwar qui travaille pour le développement intégral de la personne humaine.
Formation
Demandez le programme !
La formation est une étape incontournable pour celui qui souhaite parfaire son talent. À Maurice, il existe une pléiade d’institutions qui offrent des formations dans des domaines les plus divers, qu’il s’agisse de cours en hôtellerie, en mécanique ou en ressources humaines. Petit tour d’horizon de quelques institutions. Le Mauritius Institute of Training and Developpement (MITD), anciennement connu comme l’Industrial and Vocational Training Board (IVTB), offre une palette immense de formations. Des cours destinés aussi bien aux élèves après leurs cours du prévocationnel,
qu’à ceux ayant terminé l’enseignement secondaire ou désireux de parfaire leur expérience professionnelle par un diplôme.
Pour découvrir les différentes formations proposées par le MITD, une visite sur le site internet de l’institution – http://www.mitd.mu – se révèlera fructueuse. Sur la page d’accueil, l’internaute peut avoir accès, en cliquant sur Course, à toute la panoplie de cours proposés et regroupés en quatorze secteurs : Agro-industrie, Automobile, Coiffure et soins de beauté, Construction et Génie Civil, Génie électrique et électronique, Artisanat, Bijouterie, Management, Ingénierie mécanique, Impression, Textile, Tourisme et hospitalité, et Menuiserie.
Chaque thématique propose, par ailleurs, plusieurs types de formation pouvant conduire, selon le cas, à un certificat NC3, ou à un Advanced Diploma, entre autres. Rien que dans le domaine du Tourisme et de l’hospitalité, par exemple, plus d’une cinquantaine de cours sont proposés, allant de la buanderie à la pâtisserie, en passant par les langues et la dégustation de vins.
Par ailleurs, de manière générale, pour avoir accès aux cours du MITD, il faut avoir au minimum 16 ans et avoir les qualifications requises, qui varient selon le cours. Ainsi, pour un cours débouchant sur un NC3, il faut avoir fait jusqu’à la Form III ou un parcours prévocationnel. Pour un cours conduisant à un Diploma, le candidat doit avoir préalablement complété son HSC ou les niveaux NC 4 et 5. Les cours au MITD débutent généralement en janvier et juillet, pour les NC3, en avril/mai/septembre, pour le NC4 et 5, les Diploma et le Higher National Diploma, en janvier/juillet/août pour les formations sous l’Apprenticeship Scheme et enfin en avril, pour ceux qui conduisent à un brevet de technicien.
Diversité proposée
À travers la diversité des formations proposées, le MITD permet, par ailleurs, à des personnes ayant différents niveaux d’études, d’acquérir une formation professionnelle. En ce début d’année, par exemple, l’institution recrutait des candidats ayant au minimum le CPE pour des cours en maçonnerie, plomberie, soudure, peinture en bâtiment, aluminium, charpenterie, et installation électrique. Ces cours, d’une durée de 600 heures et qui débuteront en février dans certains Centres du MITD à travers l’île, sont gratuits et une allocation de Rs 3 000 est prévue pour chaque élève. Malheureusement, le recrutement a pris fin le 15 janvier et selon un membre du personnel du MITD, « si nous avons eu le budget pour proposer cette formation cette année, nous ne savons pas encore s’il en sera de même pour l’année prochaine ». Afin de communiquer sur les différentes formations qu’elle dispense, le MITD prévoit, par ailleurs, d’organiser trois journées portes ouvertes du 4 au 6 février à Ébène. L’occasion pour les visiteurs et les potentiels étudiants de découvrir les formations qui seront dispensées, à partir du mois d’avril/mai dans les trois Centres du MITD situés à Flacq, Port-Louis et Ébène.
Autre instance de formation susceptible d’intéresser celui désireux de se professionnaliser : les cours proposés par l’université de Technologie (UTM). Située à la Tour-Kœnig, Pointe-aux-Sables, cette institution offre elle aussi toute une pléiade de formations pouvant conduire à l’obtention d’un certificat, un diplôme, une licence ou une maîtrise.
Diplôme ou licence
D’ailleurs, ceux qui désirent profiter des cours à l’UTM peuvent actuellement s’inscrire jusqu’au 15 février. Plusieurs cours sont proposés dont, un Bsc in Banking and International Finance, un BSC in Early childhood Care Management and Finance, un BA in Graphic Design ou encore un BSC en Social Science with Specialisation in Criminology. Quelques nouveautés sont proposées aussi pour ce nouvel exercice d’admission avec, par
exemple, un Msc Managerial Psychology, ou encore un MA in Graphic Design. La durée des cours varie entre un an et quatre ans et demi.
En ce qui concerne les frais, pour un cours débouchant sur un certificat, un diplôme ou une licence, il faut compter Rs 3 500 par an pour les General/Registration Fees, Rs 200 pour les Student Union Fees, et Rs 22 300 par semestre pour les Tuition Fees pour un cours à plein temps. A temps partiel, les Tuition Fees s’élèvent à Rs 15 700 par semestre.
Pour ceux qui étudient pour un Post graduate, les cours sont essentiellement à temps partiel et s’élèvent à Rs 3 500 par an pour les General/Registration Fees, Rs 200 pour les Student Union Fees, et Rs 18 200 par semestre pour les Tuition Fees. Quant à ceux voulant décrocher une maîtrise, il faudra compter Rs 35 000 par semestre. La liste des différents cours proposés actuellement par l’UTM est disponible sur le site de l’institution http://www.utm.ac.mu. Chaque application coûte Rs 500.
Du côté de l’université de Maurice également, plusieurs cours continuent à être proposés. Une liste est disponible à l’adresse suivante : http://www.uom.ac.mu/images/Files/Admissions2016/Undergraduate/draft/UGAdvert20162017.pdf . Outre les cours qui sont régulièrement proposés, l’UoM propose cette année un BSc (Hons) Agriscience and Technology (with Specialisation in Biofarming) d’une durée de trois ans, ou encore un BSc (Hons) Marine Environmental Sciences d’une durée de trois ans également.
De cours sont aussi offerts, en collaboration avec le Mahatma Gandhi Institute, comme par exemple, un BA (Hons) Mauritian Studies, ou encore un
Diploma/BA (Hons) Digital Arts (Specialisation : Animation/Multimedia/Digital Video Production). L’application pour les cours dispensés par l’UOM se fait en ligne et restera ouverte jusqu’au mardi 15 mars 2016. Pour vous tenir au courant du début de l’exercice de recrutement et des modalités, veillez consulter régulièrement le site suivant : http://www.uom.ac.mu/prospectivestudents/. Par ailleurs, l’université de Maurice organisera une journée portes ouvertes en février prochain. Consultez son site pour plus de détails.
Martine Théodore-Lajoie