Nous fêtons aujourd’hui le 45e anniversaire de la fondation du Collège St Gabriel. Mais nous voulons aussi saisir l’occasion pour présenter un projet d’agrandissement et de développement du collège. Ce collège technique fondé en 1974 grâce à l’intuition du Cardinal Margéot, qui le confie aux frères de St Gabriel, a été un des pionniers dans l’éducation technique à Maurice. A l’époque, l’éducation secondaire n’était pas encore gratuite et beaucoup d’enfants n’avaient pas les moyens d’y accéder. De plus, même quand l’éducation secondaire est devenue gratuite, beaucoup d’enfants mauriciens échouaient aux examens de la fin du primaire car ils n’avaient pas tellement de goût pour des études académiques.
Mais Cardinal Margéot avait vu qu’ils avaient des aptitudes pour les métiers techniques et donc ils avaient besoin d’une éducation qui allait dans ce sens. De plus, l’industrie sucrière et les autres industries locales cherchaient des ouvriers qualifiés.
Ainsi grâce au soutien de nombreux industriels et de sponsors qui avaient cru eux aussi dans la nécessité de ce collège, les Frères de St Gabriel ont formé de bons ouvriers qualifiés techniquement mais aussi habités par de solides valeurs humaines, ayant un sens de la responsabilité et de la discipline, des jeunes fiers et heureux de leur métier.
Après leurs études à St Gabriel, ces élèves ont tous trouvé du travail dans l’industrie sucrière mais aussi dans de nombreuses autres entreprises locales, dans la maintenance des machines textiles, dans les garages, des ateliers, etc. Certains ont même fait carrière à l’étranger où ils ont été très appréciés particulièrement sur le continent africain.
C’est l’occasion aujourd’hui de rendre hommage à ces frères pionniers de l’éducation technique à Maurice, à tous les sponsors qui ont soutenu le collège fidèlement dès ses débuts et aussi à tous ces professeurs mauriciens que les frères ont formés et qui enseignent aujourd’hui au collège, l’administrent et l’adaptent peu à peu aux besoins changeant de notre développement économique.
Mais il arriva un moment où les Frères de St Gabriel, devenus moins nombreux, ne pouvaient plus envoyer du personnel pour le collège. C’est ainsi qu’en l’an 2000, j’ai frappé à la porte des Salésiens Don Bosco qui ont bienveillamment accepté de prendre la relève et de continuer l’aventure. D’où le nouveau nom du Collège « St Gabriel – Don Bosco » qui dit l’histoire du nouveau collège.
Et aujourd’hui le projet d’avenir
Le projet de développement du collège que nous vous présentons aujourd’hui veut répondre à la fois aux besoins actuels de notre économie et aux besoins des jeunes mauriciens.
Le projet consiste à rehausser le niveau d’étude technique au collège afin qu’il puisse préparer les élèves à obtenir le diplôme de « Bac pro ». Les avantages de ce projet sont nombreux :
Du point de vue des élèves, beaucoup aujourd’hui encore ont peine à réussir aux examens de fin de primaire. Ils n’arrivent pas à s’adapter aux études académiques. Par contre ils réussissent très bien lorsque leur éducation les conduit vers des disciplines techniques, ce qui les intéresse vraiment. Une des mesures phares de la réforme de l’éducation entreprise par le Gouvernement actuel c’est qu’il reconnaît cela et propose une filière technique comme un choix possible à partir du Grade 9.
Nous voulons donc nous inscrire dans ce chemin ouvert pour la réforme et proposer ici une éducation technique de qualité allant jusqu’au Bac Pro – une éducation qui réponde aux aspirations et aux aptitudes de toute une tranche de la population estudiantine ; une éducation technique qui va de pair avec une formation humaine si nécessaire aujourd’hui.
On se plaint souvent que les étudiants deviennent de plus en plus violents à l’école. Une des raisons profondes de cette violence ne serait-elle pas que toute une proportion d’élèves aujourd’hui s’ennuie à mourir à l’école parce que l’éducation offerte ne répond pas à leur type d’intelligence, ne développe pas les talents dont ils sont porteurs et donc ne leur permet pas de se développer humainement ?
Le deuxième avantage de ce projet de développement : du Collège St Gabriel pour aller jusqu’au Bac Pro, c’est qu’il répond aussi à un besoin criant de notre économie. En effet, alors que le taux de chômage global dans le pays est de 6.8%, le chômage des jeunes atteint presque les 24%. Il semble que la raison de cet état de chose est d’une part que beaucoup de jeunes mauriciens ont été orientés vers les études académiques, au niveau secondaire comme au niveau tertiaire et qu’ils cherchent tous des emplois plutôt bureaucratiques, qui ne sont pas disponibles en nombre suffisant pour eux.
Par contre les emplois qui sont disponibles se trouvent plutôt dans le secteur manufacturier, dans la construction et le maintenance des bâtiments et des machines high tech, dans le secteur « food & beverages » et dans les hôtels et les services.
Or beaucoup de Mauriciens n’ont pas la formation et les qualifications techniques nécessaires pour avoir accès à ces emplois. D’où le nombre croissant de main d’œuvre étrangère qu’on fait venir à Maurice
Le développement du Collège St Gabriel veut permettre à des jeunes mauriciens, même de milieu défavorisé, de recevoir la formation qui donne accès à ces emplois, et ainsi réduire substantiellement le chômage chez les jeunes.
- Un troisième avantage de ce développement du Collège St Gabriel serait qu’il pourrait ainsi agir comme un genre de « feeder school » pour les Instituts Polytechniques récemment construits par le Gouvernement, ainsi que pour certaines universités comme l’Université des Mascareignes qui se spécialisent dans le technique.
- Pour faire aboutir ce projet de développement du collège St Gabriel – Don Bosco, et pour faire ensuite qu’il réponde mieux aux besoins du pays comme aux besoins des jeunes, je souhaiterais travailler dans le cadre et dans l’esprit du partenariat que l’Eglise a toujours eu avec le Gouvernement mauricien un partenariat qui a fait ses preuves et qui a été fructueux. D’une part nous mettons ce magnifique terrain à la disposition de l’éducation technique. Nous nous activons aussi pour trouver les fonds à Maurice comme à l’étranger afin de financer les bâtiments et l’équipement. Et d’autre part nous demandons au Gouvernement d’assurer la gratuité des scolarités pour les élèves du collèges comme il le fait déjà pour les autres collèges traditionnels à tendance plus académique.
Quand ce partenariat fonctionne bien, il a aussi l’avantage d’attirer d’autres partenaires comme les nombreux sponsors locaux, comme l’Ambassade de France qui nous facilite l’accès à l’Académie de la Réunion pour la formation de personnes ou comme l’Union Européenne qui ont déjà offert leur soutien et qui seraient disposés à accompagner ce développement de l’éducation technique à Maurice.
Conclusion
Nous l’avons tous entendu. Le Pape François en visite éclair à l’île Maurice a fait un appel vibrant en faveur des jeunes et particulièrement pour les jeunes chômeurs « Un avenir incertain, disait-il, les pousse à l’écart et les oblige à concevoir leur vie en marge de la société, les laissant vulnérables et presque sans repères face aux nouvelles formes d’esclavage de ce XXIe siècle. Ceux-ci, nos jeunes, sont notre première mission. »
Je serais tellement reconnaissant si tous ensemble nous arrivions à apporter une réponse concrète à cet appel du Pape en faveur des jeunes, un appel qui résonne dans nos cœurs parce que nous le voyons bien, nous le sentons déjà, les jeunes sont notre première mission.